Le sentiment de la réunion inutile, ou le syndrome de la réunionite aiguë
Conduire une réunion d’équipe, c’est la mener quelque part. Évidence ?
Pas sûr quand on constate le nombre de réunions dont le résultat est le retour à la case départ et… une seconde réunion.
Est-ce parce que nous en attendons le miracle que quelque chose se passe par la simple opération d’une réunion d’équipe ? Comme si faire monter un groupe dans un bus suffisait pour l’amener à bon port !
Ou alors il nous manque la destination, l’objectif de la réunion, pour bien la conduire. Ainsi les rendez-vous systématiques perdent-ils peu à peu leur sens.
Connaissez-vous l’histoire du chat attaché* ?
Le chat préféré d’un gourou se promenait parmi les méditants et les déconcentrait ; le gourou le fit attacher pendant chaque prière. Bien après la mort du chat et du gourou, on attachait un autre chat à chaque prière, et les disciples du gourou écrivaient des traités sur l’importance d’un chat attaché pendant la prière.
Cette fable nous rappelle que nous ne savons parfois même plus pourquoi nous nous réunissons.
Est-ce pour trouver une solution, prendre une décision ? Partager une information et recueillir des réactions ?
Avec un objectif précis, conduire devient plus aisé : qui convier, que dire en introduction, comment solliciter les participants, quel agenda suivre.
Du « pour quoi » découle le quoi, et notre faculté à rester centré au milieu des inévitables perturbations collectives.
Mieux, un objectif clair a des chances d’être atteint pendant la réunion d’équipe, ce qui permet, soyons fous, d’arrêter la réunion plus tôt que prévu. Ou de ne pas la commencer si d’objectif il n’y a pas.
Il reste cependant un paramètre qui fait que le moyen peut prendre le pas sur la finalité, c’est la fonction sociale des réunions. Elles sont l’occasion d’interactions en groupe, qui comblent chez les participants un besoin d’autant plus criant que les échanges se numérisent. Elles matérialisent aussi le rôle et le statut de chacun : être ou ne pas être l’organisateur, être ou ne pas être « dans la boucle ». Elles nous ramènent alors à leurs versions archaïques, les réunions de tribu avec leur protocole et leur fonction de régulation.
Sans un « pour quoi » opérationnel, nos réunions trouvent leur sens dans le « pourquoi » traditionnel…
*Anthony de Mello, jésuite, psychothérapeute et philosophe indien
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Par Valérie Bergère